Annie Haon est psychologue de métier, et bénévole auprès d’un C.A.D.A. dans le sud Aveyron.
Depuis, elle écoute, elle soutien, et elle accompagne les réfugiés dans leurs combats pour la dignité.
Ecouter l’indicible est son quotidien, redonner de l’espoir là où il y en si peu, est le devoir qu’elle se fixe.
Mais au-delà de tout ça, alors que les murs et les frontières s’érigent autour de nous, alors que la Loi Immigration rend la vie impossible aux réfugiés atteints d’une OQTF, alors que les dépressions, la culpabilité, l’anxiété, la honte et l’isolement, sont leurs quotidiens, Annie Haon les accompagne afin qu’ils retrouvent de la combativité, qu’ils retrouvent une force de vie.
Annie Haon est une rebelle assez têtue pour continuer à croire, même contre toute évidence, qu’il vaut la peine d’être des hommes et des femmes humanistes.
Elle est de ceux qui espèrent garder vivante la certitude qu’il est possible d’être contemporains de tous ceux qui vivent animés par le désir de justice et de beauté, où que nous soyons et où que nous vivions, car, comme l’écrivait Domenico Lucano en 2022, « les cartes de l’âme et du temps n’ont pas de frontières ».
Illustrations sonores :
Francesca Solleville, Frontières
Massilia, Drôles de poissons
Sébastien Nadot, OQTF https://youtu.be/9MbXHbl32X8?si=YJh6XcB6ruZkMTYs
Cairokee, Telk Qadeya (traduction plus bas)
Paco Ibañez, Ya no hay locos
« Telk Qadeya » ; traduction https://youtu.be/Zf3BvhjWTKg
Secourir
des tortues de mer
Tuer des animaux humains
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Être
un ange de blanc vêtu
Avec une moitié de conscience
Faire cas du mouvement des libertés
Faire fi des mouvements de libération
Aux morts prodiguer son affection
Selon leur nationalité
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Comment
être civilisé
Satisfaire à tous les critères
Avoir un langage mesuré
Se plaire à embrasser les arbres
Appeler son concierge « gardien »
Aux côtés d’une armée qui abat des écoles
Se voir éclaboussé de sang
Et dire que tout le monde est victime
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Comment
puis-je croire en ce monde
Qui vous parle d’humanité
Quand une mère pleure son enfant
Mort de faim
Ou sous les bombes
Un monde qui renvoie dos à dos
La victime et le bourreau
En tout honneur, intégrité
Et en toute neutralité
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Comment
pourrais-je dormir en paix
Comment me boucher les oreilles
Lorsqu’une famille entière
Est enterrée dans sa maison
Et qu’on empêche les secours
Comme si la terre qui les revêt
Ne venait pas de la planète terre
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Habiter
une vaste prison
Aux cellules de feu et de cendres
Et pouvoir surgir des décombres
En s’arrachant à ses blessures
Pour rendre gorge à l’assaillant
Pour dire à ce monde hypocrite
C’est là votre loi de la jungle
Trouver la voie de la liberté
Savoir pulvériser un char
Ça c’est une chose
Et ça c’en est une autre
Qu’importe
que le monde se taise
Tu mourras libre et sans te rendre
Pour que des générations à venir
Apprennent à défendre une cause
À
quoi bon adjurer le monde
Pour qu’il dénonce et qu’il condamne
Il peut condamner à sa guise
Mais pour arrêter le carnage
Réduire la poudre et le fracas
Ramener la lumière du matin
Condamner ne suffira pas
Car
ça c’est une chose
Et là c’est un combat
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